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Auteur(s) : Anne-Sophie Gamelin

7/07/2022

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quand la melanine s'emballe

La mélanine s’emballe quand on abuse du soleil

Les taches brunes pouvant apparaître sur le visage, le dos des mains sont souvent mal vécues. L’abus de soleil est le principal facteur responsable de ces marques qui entachent le teint.

La mélanogenèse

La mélanogenèse est le processus biologique responsable de la coloration de la peau, des cheveux et des poils. Elle englobe la synthèse et la répartition des pigments de mélanine dans l’épiderme. Les mélanines sont produites dans les mélanosomes par des cellules spécialisées de grande taille, les mélanocytes, situées dans la couche la plus profonde de l’épiderme, au niveau de la jonction dermo-épidermique. On distingue deux groupes de pigments mélaniques:

  • les eumélanines, pigments les plus foncés (bruns ou marrons), sont pauvres en soufre et donnent des couleurs sombres ;
  • les phæomélanines (ou phéomélanines), pigments brun-rouge, à forte concentration de soufre, sont responsables des couleurs claires. Les trichochromes, qui font partie de ce groupe, renferment du fer et se trouvent dans les cheveux roux.

Ces deux types de pigments sont présents chez tous les individus et déterminent la couleur de la peau. Celle-ci ne dépend pas du nombre de mélanocytes, qui est pratiquement le même pour tous les individus, mais du type de mélanine, de la taille des mélanosomes et surtout de la qualité des mélanines synthétisées.

Les facteurs influençant la mélanogenèse

La mélanogenèse est sous l’influence de différents facteurs pouvant entraîner une augmentation de la production de mélanines, et par conséquent, une coloration localisée accrue. En cause, les gènes, les hormones, le soleil et le vieillissement cutané.

› Le facteur génétique

Les caractéristiques des mélanosomes étant déterminées par le code des gènes de la pigmentation, tous les stades de la mélanogenèse sont sous contrôle génétique.

› Le facteur hormonal

Les œstrogènes, et dans une moindre mesure la progestérone, provoquent une hyperpigmentation du visage, notamment pendant la grossesse. Plus fréquent chez les femmes brunes à la peau mate, c’est le masque de grossesse.

› Les rayons UV

Les rayons UV stimulent directement la mélanogenèse en accroissant le transfert des mélanosomes, c’est le bronzage. Toutefois, on connaît aujourd’hui les effets délétères du soleil sur la peau, qui est l’une des principales causes du vieillissement cutané prématuré. Appelé vieillissement actinique, ses conséquences sont intimement liées à la durée cumulée des expositions et à la capacité de pigmentation naturelle de la peau. L’apparition de rides, de sécheresse cutanée, de relâchement des tissus et de troubles pigmentaires peut apparaître dès l’âge de 30 ans sur les zones exposées telles que le visage, le décolleté, les mains ou encore les épaules. Les signes cliniques sont multiples:  éphélides (taches de rousseur) dont le nombre et l’intensité sont proportionnels à l’exposition, lentigo solaires sur les zones surexposées, mélasma (masque de grossesse) ou encore « dermite en breloque », résultat d’une photosensibilisation produite par un parfum. Ces taches pigmentaires sont essentiellement causées par l’augmentation du volume de certains mélanocytes, associée à la réduction du nombre de mélanocytes fonctionnels.

› L’âge

Le vieillissement cutané intrinsèque s’accompagne de modifications biologiques à tous les niveaux de la peau, notamment pigmentaire. L’augmentation incontrôlée de la synthèse de la mélanine dans certains mélanocytes produit des taches hyperpigmentées, appelées taches séniles ou lentigos séniles. Ces petites taches de couleur brune, lisses, pouvant mesurer de quelques millimètres à plusieurs centimètres de diamètre, apparaissent sur les parties découvertes du corps, plus particulièrement sur le dos des mains et parfois sur le visage.

« La couleur de la peau ne dépend pas du nombre de mélanocytes, mais du type de mélanine,
de la taille des mélanosomes et de la qualité des mélanines synthétisées. »

La réponse cosmétique : une action préventive et traitante

En prévention, il est impératif de limiter l’exposition solaire et de protéger systématiquement la peau du visage, du décolleté, des mains et toute autre partie exposée avec un soin protecteur, renfermant des filtres solaires anti-UVA et anti-UVB : IP 15 minimum en hiver en condition de vie citadine, car l’irradiation d’une journée ensoleillée peut suffire à déclencher le processus ; une protection plus élevée (minimum IP 40) dès l’arrivée des beaux jours. La recherche cosmétique ayant intégré toutes les avancées en matière de protection solaire, ces soins protecteurs sont aujourd’hui proposés dans des formules anti-âge associant actifs antirides et antiradicalaires pour une action photoprotectrice accrue.

Lorsque les taches sont là, il devient nécessaire de faire appel à des produits éclaircissants tels que sérums, crèmes, masques ou essences activatrices concentrées. Ces produits à visée dépigmentante ont pour but de corriger les taches et d’homogénéiser le teint en agissant sur le processus de formation et de répartition de la mélanine. Leur action s’exerce généralement à deux niveaux :

  • en amont, par inhibition de l’action de la tyrosinase, l’enzyme responsable de la formation des composants de la mélanine 
  • en aval, en stimulant l’ancienne mélanine de surface et en limitant l’hyperkératinisation de l’épiderme par activation de la desquamation cellulaire.

Depuis la promulgation en 2000 de la loi européenne interdisant l’utilisation de l’hydroquinone dans les produits cosmétiques dermo-éclaircissants, la recherche cosmétique s’est attachée développer un certain nombre d’actifsefficaces, sûrs et directement assimilables par la peau. Parmi eux, on retrouve l’acide kojique (molécule d’origine naturelle produite par certains champignons), les AHA (acides glycolique,malique, citrique, etc.), les BHA (acide salicylique), la vitamine C, les dérivés de la vitamine A, tels que le rétinol,

des extraits végétaux riches en flavonoïdes et la procystéine.

SAVOIR REPÉRER LES TACHES SUSPECTES

S’il n’existe pas un seul type de taches brunes mais plusieurs, elles résultent toutes d’un dérèglement du système mélanocytaire. Face à cette problématique, le premier réflexe de l’esthéticienne doit être de vérifier si la tache est susceptible d’être maligne ou non. Il faut donc observer attentivement sa couleur, sa forme et sa taille. Si elle présente trois teintes ou plus (brun, rouge, noir, gris), que son aspect n’est pas homogène ou encore qu’elle saigne, il faut impérativement conseiller au client de consulter un médecin. Même recommandation pour les taches rugueuses, caractérisées par un épaississement de l’épiderme et réfractaires à tout traitement cosmétique.

(paru dans le magazine Beauty Forum n° 56)